Elections polonaises: nouvelle victoire pour Donald Tusk
11/10/2011
Les élections législatives polonaises qui se sont déroulées ce dimanche ont mobilisé relativement peu les électeurs, le taux de participation atteignant péniblement les 49%. Contrairement à son habitude dans ce cas, le PiS n’a pas vu son électorat se précipiter dans les urnes pour le plébisciter. De ce scrutin, dans une Pologne encore relativement épargnée par la crise financière, il y a néanmoins plusieurs enseignements à tirer.
C’est d’abord un succès personnel pour le premier ministre sortant Donald Tusk (PO), qui est conforté dans son rôle et qui a été écouté des électeurs après avoir reconnu avec une certaine franchise qu’il n’avait pu réaliser tout ce sur quoi il s’était engagé. Avec 39.18% des voix, il réalise un score toutefois inférieur à ses 41.51% de 2007, et s’il conserve 206 sièges, il en perd trois. Son adversaire Jaroslaw Kaczynski (PiS) recule également avec 29.89% des voix contre 32.11% il y a quatre ans. Avec 158 sièges, il en perd huit par rapport à la précédente mandature. Son allié traditionnel, le Parti du Peuple Polonais (PSL), avec 8.36% des voix recule de quelques décimales et perd trois sièges avec 28 sièges conservés seulement. En tout, PO (libéraux) et PSL, qui formait la coalition sortante, avec 234 sièges contre 240 en 2007, sont majoritaires mais seulement de quatre sièges.
Le principal perdant est le parti social-démocrate (SLD) qui perd près de cinq points, passant de 13.15% à seulement 8.24% seulement, perdant près de la moitié de ses sièges ; il n’a plus que 27 députés sur 53 au départ. Il est notamment victime d’un parti libertaire, le Ruch Palikota, dirigé par Janusz Palikot, personnage trouble qui a notamment fait campagne sur une ligne anti-cléricale et provocatrice, étant partisan du mariage gay et de la légalisation des drogues douces, et ayant réussi à faire élire dans la nouvelle Sejm le premier député transsexuel. Avec 10.02% des voix et désormais 40 sièges, il est le grand vainqueur de ce scrutin, même si le gouvernement devrait probablement se passer de ses services.
Les deux partis de droite nationale (la Nowa Prawica ou « Nouvelle droite » et Prawica ou « La droite ») font respectivement 1.06 et 0.24% des voix, soit un total de 1.3%, un score comparable aux résultats en 2007 de Samoobrona et de la Ligue des Familles. Samoobrona était finalement présente à ces élections et a atteint le score exceptionnel de 0.07%, contre 1.53% en 2007 (et surtout 11.4% en 2005). La mort de son fondateur, lui-même auparavant décrédibilisé par plusieurs scandales, en plus du départ de nombreux cadres, a fini de solder l’héritage de Lepper. Il faut dire que Samoobrona n’était présent que dans 9 circonscriptions sur 41. Là où il était présent, il oscille entre 0.16% et 0.49%. Autre absent de taille, la Ligue des Familles Polonaises (LPR). Avec 8% en 2005 mais seulement 1.3% en 2007, la LPR a préféré jeter l’éponge et n’a présenté qu’un seul candidat pour le Sénat, Maria Sendecka, qui a obtenu 5.64%. Enfin le néo-fasciste NOP, représenté par sa candidate Anetta Stemler, là aussi pour le sénat, a fait 3.1%.
Plus surprenante a été la candidature de Mateusz Piskorski, issu de la gauche nationaliste et païenne, héritière d’Ian Stachniuk, député de 2005 à 2007 de Samoobrona, et qui a été tête de liste à ces élections pour… le Parti Polonais du Travail (Polska Partia Pracy – Sierpien 80), parti de gauche radicale, avec toutefois certaines colorations nationales. Ce parti a obtenu 0.55% des voix seulement, et le seul Piskorski a fait 0.47% des voix. Piskorski ne fut pas le seul puisque des membres d’une scission de Samoobrona appelée la Samoobrony Patriotyczna, se sont alliés avec le PPP afin d’y ajouter une composante agrarienne.
Au bilan, la gauche traditionnelle est laminée, au profit d’un mouvement libertaire qu’on pourrait comparer à « Europe »-Ecologie en France, la droite conservatrice a résisté et le centre-droit au pouvoir est réélu mais avec une faible majorité. Enfin, la droite nationale (1.37% en ajoutant toutes ses composantes) et la gauche radicale (0.55%) sont marginalisées. Le PiS n’ayant plus d’alliées, il aurait de toute façon été écarté du pouvoir même s’il avait dépassé le PO. La campagne germanophobe (mais aussi europhobe et russophobe), au-delà de la caricature, de Jaroslaw Kaczynski, a mobilisé les électeurs pour donner à Donald Tusk l'avantage. Mais son adversaire vaincu ne désespère pas de prendre sa revanche.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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