A propos de Mayotte, du vocabulaire politique et de la laïcité
30/03/2011
Lors de plusieurs soirées thématiques à caractère politique et/ou culturel organisées par Frédéric Taddeï dans le cadre de son émission quotidienne « Ce soir ou jamais », le problème de la laïcité a été abordé. C’est notamment le cas de l’émission de ce soir où le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, est confronté à des personnalités représentant les différentes religions dominantes en France aujourd’hui et s’opposant à la réouverture d’un débat sur la laïcité dans le contexte actuel.
L’accusation principale contre cette mesure gouvernementale repose sur l’idée qu’il y aurait une forme de « stigmatisation », le terme étant régulièrement employé ces dernières semaines, notamment par Nicolas Domenach lorsqu’il débat avec Eric Zemmour, des musulmans de France, victimes d’un néo-conservatisme d’obédience américaine dont le président français serait prétendument le vecteur ou le relai.
Si le gouvernement UMP était si « islamophobe », on pourrait par exemple s’interroger sur la départementalisation de Mayotte, musulmane à 97% , qui n’est pas la conséquence d’un souhait des mahorais mais d’abord la conséquence d’un référendum local, sans demander l’avis de la majorité des citoyens français, avec la promesse d’aides financières majeures en échange d’un oui, un oui à plus de 95% des voix qui rappelle les scores électoraux des dirigeants dans les régimes autoritaires. Les media, très pudiquement, n’osent pas dire la réalité anthropologique, et démographique, de Mayotte, de peur de faire découvrir aux français les caractéristiques dérangeantes de ce territoire africain arbitrairement à mon sens rattaché à un pays européen, en l’occurrence la France.
Ce qui est plutôt ironique, c’est que cette mesure de l’UMP, souhaitée par le président de la république, alors qu’il ne l’avait pas annoncée publiquement lors de sa campagne électorale, et qui n’a été dénoncée par aucun parti politique, même pas par le Front National, particulièrement silencieux sur ce point, n’a pas bénéficié aux candidats de l’UMP sur les cantons de Mayotte. En effet, comme dans les autres départements d’outre-mer, c’est la « gauche » qui s’impose, pour une raison bien évidente, à savoir qu’elle incarne l’assistanat social et également qu’elle est promotrice des politiques en faveur de la diversité, qui ne sont qu’une autre forme d’affirmative action. J’avoue avoir du mal à comprendre cette obsession qu’a la droite parlementaire d’augmenter artificiellement le nombre d’électeurs de « gauche ».
A l’issue d’élections cantonales qui se sont caractérisées par une augmentation significative du vote FN, Nicolas Sarkozy a souhaité lancer un débat sur l’islam, très vite renommé « sur la laïcité », qui suscite des réactions outragées du PS et des autorités religieuses. Le danger pour eux est la « stigmatisation » d’une population. Ce terme n’est pas innocent puisqu’il fait référence explicitement à la religion chrétienne, et tout particulièrement au sort de Jésus à Jérusalem. La victimisation de certaines populations, qui ainsi peut tout excuser, est manifestée par l’usage permanent de cette expression. On retrouve ici l’inversion des valeurs dénoncée à juste titre par Nietzsche, ce parti pris systématique pour le supposé faible, qu’on retrouve dans le christianisme antique, dans le catholicisme d’après Vatican II et aussi dans le gauchisme. Ce misérabilisme s’accompagne d’un profond mépris pour le peuple européen, le seul à ne pas avoir le droit d’être plaint et d’être aidé, cette fameuse « prolophobie » dénoncée récemment par le conseiller Buisson. Ceux qui sont méprisés, ce sont les travailleurs européens, accusés implicitement de soutenir les droites populistes, et eux seuls !
Par réaction à ce discours, Robert Ménard, dans l’émission préalablement évoquée, s’oppose publiquement à la construction de minarets et considère qu’il ne faut pas couvrir la France de mosquées. Il le fait selon la conviction qu’il faut respecter le caractère catholique de la France. D’autres parlent de valeurs judéo-chrétiennes pour signifier la même chose. Si on peut comprendre sa réaction, lui comme ses opposants ont oublié un élément fondamental, à savoir que l’identité religieuse de l’Europe n’est pas réellement le christianisme, mais bel et bien le paganisme. Rappelons que Noël n’est à l’origine que le solstice d’hiver, une fête dédiée au dieu du soleil, que Pâques dans sa version européenne est dédiée à la déesse de l’aurore (à Venus à Rome, à la déesse Ostara chez les Germains), que la Toussaint n’est autre que la Samhain celte en l’honneur des ancêtres morts.
Ainsi, la laïcité n’est pas, contrairement à ce que pense Jean-François Copé, une neutralité religieuse, la recherche d’un consensus ou d’un « mieux-vivre ensemble », et n’est pas vraiment non plus la laïcité anti-cléricale de 1905. Elle est d’abord la volonté qu’en Europe ce soient les valeurs européennes qui dominent, les valeurs européennes traditionnelles auxquelles le christianisme post-constantinien a été contraint de se soumettre. Ce n’est pas par respect du christianisme qu’il faut réactiver une « laïcité de combat » mais par respect de notre folklore, de nos traditions, de notre héritage. Et notre héritage est spirituellement païen. Bien évidemment, aucun représentant de la tradition spirituelle indigène, européenne, n'était invité.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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