Elections suédoises : la droite sortante reconduite !
20/09/2010
A l’issue des élections générales suédoises du 19 septembre 2010, les sondages promettaient une victoire assez nette de la coalition de droite sortante, coalition menée à la bataille par le premier ministre Fredrik Reinfeldt. La Suède ayant plutôt bien résisté à la crise économique actuelle, le bilan étant globalement positif, Reinfeldt s’attendait à une victoire facile mais pouvait craindre, en raison des conséquences de sa politique plutôt libérale, de son choix de rompre avec l’héritage social-démocrate en matière d’interventionnisme de l’état, d’inquiéter la population. En menant une campagne au centre, manifestant une certaine prudence, il est reconduit, sa coalition obtenant 48.3% des voix, et son parti, le Moderata Samlingpartiet (« Parti de rassemblement des modérés »), empoche à lui seul 30% des suffrages, ce qui est une victoire personnelle, même si le parti social-démocrate, l’Arbetarpartiet – Socialdemokraterna, reste le premier parti du pays avec 30.9% des voix. Sa candidate, Mona Sahlin, connaît un désaveu profond de la part de ses électeurs traditionnels, le parti ne cessant de reculer. Déjà, en 2006, le SAP avait connu son plus bas niveau avec 35.2% des voix. Il chute encore de près de 4 points.
Attendu également était le score du parti nationaliste suédois des Sverigedemokraterna, ancien allié du Front National et issu de formations plus radicales, mené au combat par le jeune Jimmie Akesson. Ce dernier avait préalablement épuré ses rangs des militants et représentants les plus durs, ceux-ci étant alors partis notamment chez les Nationaldemokraterna (0.09% des voix en 2006, leur score en 2010 n’étant pas encore connu à l’heure où je rédige cet éditorial, même s'ils obtiennent aux élections locales 0.8% des voix dans le district de Vimmerby), et fait profession d’une défense de la « suéditude » sans connotations trop ethniques. Avec 5.7% des voix, contre 4.6% annoncés par les sondages de sortie d’urnes, le SD augmente son score de près de 100%, puisqu’il n’avait obtenu que 2.9% des voix en 2006 (et 3.2% aux élections européennes de 2009). A l’issue d’une campagne difficile, dans laquelle le spot du parti avait été censuré par les media, et alors même que le premier ministre avait tenté de convaincre les électeurs de ne pas voter pour eux, le SD gagne son pari et fait rentrer 20 députés au parlement (Riksdagen).
Dans un contexte européen où la « gauche » sociale-démocrate peine à convaincre, dans ce bastion suédois qui fut le sien pendant des décennies, elle ne parvient toujours pas à ramener au bercail des électeurs déçus. Incapable de s’opposer au libéralisme économique, incapable également de consolider un modèle social en danger face à la mondialisation, la « gauche » se limite à la défense des minorités, les communautés non-européennes ayant massivement voté pour ses candidats, et du libertarisme moral. Beaucoup d’ouvriers suédois, ceux qui restent de la classe prolétarienne, auront préféré les SD à la SAP, comme on le constate dans les autres pays du continent.
Avec 1.4% des voix, contre 2.7% en 2006, les listes minoritaires sont laminées par un mode de scrutin pourtant favorable aux petits candidats. Mais la barre des 4%, aussi basse soit-elle par comparaison avec ce qui se passe même en Allemagne, a suffi à susciter un vote utile en faveur des partis en place. Si les modérés progressent de près de 4 points, leurs alliés perdent en cumulé 2.7%, ce qui démontre que le parti sortant n’a pas triomphé de manière décisive. La gauche réunie obtient en effet près de 43.7% des voix, ce qui la place certes derrière la droite, mais ne l’écarte pas pour autant du pouvoir. L’extrême-gauche (Vänsterpartiet) avec 5.6% des voix perd 0.3 points, et seul le parti écologiste s’en sort davantage avec 7.2% des voix (contre 5.2% des voix en 2006), ce qui était là encore prévu par les instituts de sondage. En résumé, la droite progresse de 1.2 points, la gauche perd en revanche -2.7 points, et les démocrates suédois gagnent 2.8 points. On peut penser que l’augmentation de la participation, avec le taux exceptionnel de 82.1% des voix a plutôt profité à la droite, alors que les pertes enregistrées par les sociaux-démocrates sembleraient avoir bénéficié aux démocrates suédois (SD).
En nombre de sièges, la coalition de droite a obtenu 172 sièges sur 349, ce qui indique qu'il lui manque cinq sièges pour disposer d'une majorité au parlement. La gauche n'aurait quant à elle que 157 sièges. Avec 20 sièges, les Sverigedemokraterna ont réussi à empêcher la droite sortant d'être majoritaire. Alors que Reinfeldt voulait relancer le nucléaire dans son pays, il est possible que celui-ci, pour éviter de diriger un gouvernement minoritaire potentiellement menacé par les nationalistes (SD), doive y renoncer en élargissant sa coalition aux écologistes (25 sièges).
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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