Slovaquie : nouvelle défaite sociale-démocrate
13/06/2010
Dure année 2010 pour la « gauche » sociale-démocrate en Europe. Les formations libérales et conservatrices triomphent. L'effondrement de la gauche en Allemagne et au Royaume-Uni, sa défaite face aux libéraux en Tchéquie et aux Pays-Bas, tous ces évènements montrent que dans cette période de crise, c'est la droite libérale qui a le vent en poupe. Il est vrai que lorsque l'on constate que la politique d'un Zapatero ou d'un Papandreou est la même que celle des dirigeants de droite, que tous parlent à l'unisson de rigueur budgétaire, obligatoire si ces pays veulent continuer à jouer le jeu du mondialisme, on ne voit pas pourquoi soutenir des formations politiques beaucoup moins cohérentes en ce domaine et qui ne sauraient représenter en rien une alternative crédible.
Le gouvernement socialiste slovaque de R. Fico était toutefois assez atypique dans le sens qu'il était formé du SMER social-démocrate, du HZDS populiste (dit de gauche) de V. Meciar et de la droite nationaliste, en la présence du Parti national slovaque (SNS) de J. Slota, ami de Le Pen. En 2006, ces trois partis formaient une majorité de 84 sièges (sur 150) pour représenter 49.7% des électeurs. En 2006, le HZDS ne réussit pas à atteindre la barre fatidique de 5%, le SNS est en chute libre et le SMER progresse certes, mais au détriment de ses concurrents de gauche et de ses alliés. Il n'obtient avec son allié survivant que 39.86% des voix (44.18% si on compte le HZDS mais qui sera sans représentants) et 71 sièges. Cette défaite met fin à une coalition « socialiste nationale » étrange, condamnée comme telle par le PSE de Strasbourg en 2006.
Le SMER avec 34.79% des voix est le premier parti du pays, en progression de 5.7% et de 12 sièges. Dans un système non proportionnel, on le considérerait comme le grand gagnant, or il s'avère qu'il a perdu ses élections, non par son score mais par la faiblesse du score de ses alliés. Avec 4.33% des voix, le HZDS perd sa représentation parlementaire et régresse de plus de 50%. Son élimination est un coup fatal porté à la coalition sortante. Le vote utile de certains de ses électeurs en faveur du SMER a au final desservi ce dernier. Autre allié, le SNS nationaliste de Slota, perd également près de 57% de ses voix par rapport à 2006, avec 5.07% des voix contre 11.73% en 2006. A quelques milliers de voix près, ce parti disparaissait lui aussi du parlement. Il sauve neuf sièges. Enfin, les communistes du KSS, qui avaient réalisé 3.88% des voix en 2006, tombent à un score marginal de 0.83%.
A droite, le principal mouvement démocrate-chrétien, le SDKU-DS, premier parti de l'opposition, ne récolte que 15.42% des voix, contre 18.35% en 2006. Bien que gagnant, grâce à l'appui de deux autres formations, en vérité il recule, tant en nombre de voix qu'en nombre de sièges. Son échec relatif s'explique par la montée en puissance de la formation SaS, un parti libéral, qui avec 12.14% des voix fait son entrée au parlement doté de 22 députés fraîchement élus. Son appui est indispensable pour mettre fin à quatre ans de règne social-démocrate. Le KDU, autre union démocrate chrétienne, progresse légèrement avec 8.52% des voix, contre 8.31% en 2006, et 15 sièges contre 14 précédemment. Enfin, les partis magyars, divisés en deux contre un seul parti en 2006, connaissent un destin dissemblable. Unis sous la même bannière du SMK, ils avaient obtenu 11.68% et 20 sièges. Divisés, seul le MOST-HID, avec 8.12% des voix et 14 sièges, tire son épingle du jeu, le SMK avec 4.33% des voix échouant de peu.
Enfin, un petit parti de gauche sociale-démocrate, hostile au SMER, le SDL, avec 2.41% des voix, progresse nettement, alors qu'il n'avait récolté que 0.12% des voix en 2006, de même qu'à l'extrême-droite, le mouvement ultra-nationaliste LSNS, avec 1.33%, pulvérise son score dans le cadre de la coalition SNK-SV de 0.17% en 2006. Cette progression, au détriment du SMER d'un côté, par réaction de gens de gauche choqués par des accusations de corruption contre le gouvernement en place, et du SNS de l'autre, montre qu'il n'est pas facile d'être associé au pouvoir tout en conservant son capital de sympathie.
Ainsi, le gouvernement Fico, qui apparaissait il y a encore quelques mois comme très populaire, est-il vaincu, même si sans déshonneur, en raison de l'effondrement de ses alliés. Alors que chez le voisin tchèque, on attendait une victoire sociale-démocrate, la droite s'était imposée. En Slovaquie, c'est aussi le cas mais davantage par défaut. Dans les deux cas, des formations libérales ont fait la différence, comme aux Pays-Bas où le VVD, en plus du PVV de Wilders, s'impose comme première force du pays. La « gauche » ne fait plus recette, ni à l'ouest ni à l'est. Entre l'original libéral et la mauvaise copie sociale-démocrate, les électeurs choisissent le premier. Cela ne signifie pas que de plus en plus d'électeurs se reconnaissent dans le modèle dominant, mais cela signifie que pour eux la « gauche » n'est plus une alternative. Et en vérité, ils ont raison.
Ainsi, dans le cas français, malgré sa profonde impopularité, il n'est pas dit que Nicolas Sarkozy ne puisse pas être réélu en 2012. Après tout, entre Strauss-Kahn et Sarkozy, il n'y a pas de vraies différences, tant humaines qu'idéologiques. Aubry, comme Royal précédemment, sera prise dans ses contradictions, entre un socialisme de façade affiché, qui se résume à une défense naïve des acquis sociaux et de la fonction publique, mais qui repose néanmoins sur l'idée d'un bien commun supérieur, et la défense des minorités ethniques et sexuelles ou le soutien apporté aux clandestins et aux lobbies gauchistes.
Une vraie gauche, socialiste et européenne, ne serait pas l'opposition à l'intérieur du Système mais une véritable alternative au Système, remettant en cause le modèle économique dominant, pas seulement le libéralisme mais aussi le mondialisme sous toutes ses formes. Cette gauche existe encore. Elle est pour le moment marginale. Elle ne demande qu'à émerger. Le PSUNE l'incarne.
Thomas Ferrier (SG-PSUNE)
Les commentaires sont fermés.